Phénix, la renaissance des déchets

9 min de lecture

En France, la société Phénix valorise les déchets des professionnels et lutte contre le gaspillage en favorisant l’économie circulaire.

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Nos sociétés croulent sous toujours plus de déchets. En 2012, selon un rapport de l’Agence de Développement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), la France a produit 345 millions de tonnes de déchets, dont 247 millions de tonnes issues de la construction, 67 millions de tonnes provenant des activités économiques et 31 millions de tonnes générées par les ménages. De plus, chaque bien produit génère une pollution tout le long de son cycle de vie. Cependant, l’économie circulaire permet de minimiser son impact. La loi de Transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 cherche à lutter contre les gaspillages et à promouvoir l’économie circulaire. Dans ce contexte et devant le constat simple que trop de produits sont jetés alors qu’ils sont utilisables ou consommables, la création de Phénix devenait une évidence, pour ses co-fondateurs, afin de remettre un peu de bon sens au cœur du couple distribution/consommation. Ainsi, l’entreprise sociale s’attribue la noble mission de donner une seconde vie à toutes ces marchandises auparavant perdues. Co-fondée en 2014, par Jean Moreau, son président, et Baptiste Corval, son directeur associé, Phénix a connu un début en mode « lean start-up ». Cette méthode a permis de tester leur offre le plus rapidement possible avec leurs clients, en privilégiant la proximité et la conduite de projet. En 2017, l’entreprise sociale compte plus de 80 collaborateurs répartis dans 18 villes françaises et s’ouvre à l’international avec trois pays européens : le Danemark, l’Espagne et le Portugal.

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Un maillon décisif © Phénix
Un maillon décisif © Phénix

Le gaspillage a un coût exorbitant de 900 milliards d’euros par an et atteint 2 340 milliards d’euros par an si on y inclut l’impact environnemental et social. Phénix s’inscrit dans la lutte contre ce gaspillage en replaçant une partie de ces produits dans le circuit économique. Le gaspillage alimentaire est présent dans toute la chaîne de production. De l’agriculture, en passant par la récolte, puis par la phase de transformation, par la distribution et enfin par la consommation. L’entreprise sociale se place sur l’avant-dernier maillon de cette chaîne. Côté gaspillage alimentaire, elle œuvre auprès de la grande distribution en récupérant les invendus et les produits, dont la date limite de consommation ne permet plus une vente. Une fraction des 1,3 milliards de tonnes de déchets alimentaires, destinés à la consommation humaine, et générés dans le monde par an, est donc évitée. Cela peut paraître peu, mais la dynamique est lancée. Phénix collecte les produits et denrées alimentaires via une tournée et en assurant une logistique efficace. Ceux-ci sont redirigés vers les associations via le don ou vers des filières complémentaires, tels que l’alimentation animale ou la transformation. Ainsi Phénix permet une valorisation allant jusqu’à 80 % de la casse suivant le type de structure et atteint un taux de plus de 95 % de vente de produits étiquetés.

Une équipe engagée contre le gaspillage © Phénix
Une équipe engagée contre le gaspillage © Phénix

Rendre les entreprises actrices

La plateforme web dédiée © Phénix
La plateforme web dédiée © Phénix

Phénix propose aux entreprises de différents domaines d’activités tels que la grande distribution, l’industrie et l’événementiel, de réduire le nombre de produits partant à la benne. Plusieurs axes sont utilisés. Un accompagnement des clients peut s’effectuer via des formations, la pose d’une signalétique adéquate et la simplification administrative des outils. Ainsi s’opère progressivement une prise de conscience collective au sein d’une structure sur l’impact d’une meilleure gestion des déchets, des surplus et des invendus. Les entreprises améliorent du même coup leur empreinte écologique et sociétale en incluant Phénix dans leur stratégie de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). La réduction du coût de la casse est aussi important grâce aux réductions d’impôts prévues en cas de don. Les entreprises s’inscrivent alors dans les propositions du rapport Garrot, publié en 2015, en marquant l’implication du secteur privé dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Afin de faciliter et d’optimiser les échanges entre entreprises et associations, Phénix innove avec une plateforme en ligne dédiée où les produits et quantité disponibles sont indiqués. Par géolocalisation, les associations reçoivent une alerte et peuvent convenir d’une heure pour passer récupérer les produits en signant les documents assurant la traçabilité des produits.

infographie lesgoodnews phénix © Lesgoodnews 2017

Une mine de bonnes idées

Les invendus peuvent être redirigés vers les associations qui se chargeront de les redistribuer à leurs bénéficiaires. Cette ressource est d’autant plus précieuse qu’elle permet aux associations de se recentrer sur l’accueil et l’accompagnement et moins sur la prospection et la collecte de denrées. Via Phénix, les entreprises de la distribution et de la grande distribution offrent jusqu’à dix fois plus de produits. L’entreprise sociale intervient également dans le cadre de l’événementiel, générateur d’une grande activité sur une très courte période, en leur ajoutant un objectif « zéro déchet ». Elle propose également de sensibiliser le public avec des concours, des ateliers et des animations. En 2017, en partenariat avec Rock en Seine, l’entreprise sociale a collecté les déchets générés par cet événement ayant rassemblé 120 000 spectateurs en trois jours. La collecte de ces déchets est aussi une véritable mine de matières premières. Outre une partie passant à la méthanisation pour une production de biogaz, ceux-ci sont composés de papiers, cartons, verres, métaux, bois, plastiques et autres matériaux que des filières de plus en plus efficaces savent valoriser. En France, le taux de valorisation de ces composants est passée de 61 % en 2004 à 75 % en 2013 (source ADEME). Ainsi, Phénix participe à ce cercle vertueux.

Le système Phénix Exchange © Phénix
Le système Phénix Exchange © Phénix

Phénix à suivre

Un très grand nombre de repas ont été fournis © Phénix
Un très grand nombre de repas ont été fournis © Phénix

Le modèle de cette entreprise sociale fonctionne à plein régime. Jean Moreau, co-fondateur de Phénix, souligne que l’accueil auprès des clients a été très bon :

Le contexte sociétal et médiatique autour du gaspillage et de la gestion des déchets, notre modèle économique ainsi que notre capacité à innover et à leur apporter un soutien sur des sujets sensibles chez eux nous ont permis de convaincre plus de 600 magasins en à peine trois ans.

L’équipe de Phénix peut être fière d’avoir distribué, en l’espace de trois ans, plus de huit millions de repas à leur 500 partenaires associatifs. L’entreprise sociale a pu démarrer son activité avec le soutien de plusieurs acteurs économiques dont Starquest Capital, Aviva Impact Investing, le Comptoir de l’innovation, l’agence web Square IT Services, un franchisé Système U et Monoprix. Côté institutions, elle a pu compter sur le soutien de la Banque Publique d’Investissement (BPI), la région Île-de-France et l’ADEME. En 2017, Phénix couvre l’ensemble du territoire français métropolitain, s’étend en Europe et prévoit de traverser l’Atlantique pour s’implanter sur le marché nord-américain. Phénix a obtenu plusieurs récompenses pour son engagement dans la RSE et dans l’économie circulaire. Elle est même devenue un incubateur pour des initiatives anti-gaspi en devenir via son Phénix Lab.

En 2019, Phénix débarque sur smartphone.

En 2019, Phénix débarque sur vos smartphones en proposant une application dédiée à l’anti-gaspi disponible sur IOS et Androïd. Elle permet de trouver des paniers de produits à un prix très attractif et auprès de commerçants engagés autour de vous. En effet, ceux-ci sont géo-localisables. Vous pouvez affiner les recherches suivant vos régimes alimentaires et vos adresses (domicile et travail). Un suivi d’impact est implémenté. Phénix estime que vous économisez 50% de vos dépenses alimentaires et que vous évitez d’émettre 4,5 kilogrammes de CO2 à chaque panier acheté. Sans compter un amour ❤️ infini exprimé envers notre planète bleue 🌍.

Article mis à jour le 25 avril 2020 à 7 h 15 min

Phénix, la renaissance des déchets
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Philippe RUAUDEL

C'est avec plaisir que je partage avec vous des initiatives inspirantes, des innovations enthousiasmantes en tant que blogueur et créateur du site lesgoodnews.fr . Dans un autre registre, je suis auteur de science-fiction. Retrouvez aussi les romans de la saga Markind sur markind.fr .

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